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belgique. — pologne

ment par les soldats de l’Autriche, devenus les exécuteurs de ses hautes œuvres : L’Italie tout entière, y compris le Piémont, le royaume des Deux-Siciles et les États Romains, ne fut plus qu’une simple dépendance du gouvernement « impérial et royal » ; c’est alors que le mot seul de « liberté » fut tenu à crime et cessa d’être prononcé ailleurs que dans les « ventes » mystérieuses des « charbonniers ».

Cabinet des Estampes.Bibl. Nationale.

l’enlèvement des morts
Par Francisco de Goya y Lucientes, 1746-1828.

En Espagne, du moins, on fut plus libre puisqu’on se battit, mais la lutte n’eut point un caractère de franchise. Les habitants de la Péninsule étaient encore trop asservis aux principes, aux traditions et aux mœurs de la monarchie catholique pour s’élancer sincèrement dans la révolution d’indépendance républicaine : comme dans la France voisine où l’on avait tenté de discipliner tous les éléments de liberté au service d’une branche cadette des Bourbons, symbolisant désormais la bourgeoisie libérale, on s’efforça en Espagne de réunir en un seul corps politique tous les adversaires de l’ancien régime absolutiste et d’en faire l’armée de la reine Isabelle, intronisée malgré la coutume dynastique des Bourbons, dite « loi salique ». D’un côté le clergé, de l’autre la bourgeoisie libérale groupaient leurs forces : les Carlistas, carlistes ainsi nommés de Don Carlos, l’héritier légitime du trône,