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sectes religieuses

encore, restant sur la glèbe prescrite, se bornaient à opposer sans cesse une force passive ou active à toutes les injonctions du pouvoir, à toutes les « réformes » religieuses, administratives ou politiques. Quelle que fût l’insurrection qui se produisit, elle recrutait des
Cl. Sellier.
casque russe, XVIIe siècle
adhérents parmi les dissidents raskolniki. La plupart des vieux croyants ont pour premier article de foi dans la vie civile l’abolition du passeport et des paperasses administratives ; ils s’opposent à tout recensement, évitent soigneusement tout rapport avec les autorités : la vie anarchique, loin de tout représentant du pouvoir, est leur idéal. Et leur amour de la liberté est tel que, souvent, ils ont préféré la mort au service militaire et au paiement de l’impôt. On a vu des begunî, ravis en extase, allumer leur propre bûcher ou bien se clore en quelque réduit pour y mourir de faim. Les restes de ces martyrs sont vénérés comme des reliques par les paysans des alentours.

De toutes les révoltes qui éclatèrent en Russie, la plus dangereuse pour le trône des tsars, celle dont l’âme fut Stenko (Etienne) Razin, sévit sur les bords du Don, de la Volga et jusque dans l’Oural. En 1669, Razin, qui avait à venger la mort d’un frère, pilla les biens des seigneurs et des bourgeois dans toute la région de Tsarilsin, de Sarnara, de Saratov et s’établit solidement dans Astrakhan, dont la population l’avait acclamé. Il était devenu le grand justicier, appelant à lui les « offensés »