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colons canadiens

prêtres des paroisses françaises pour envoyer des orphelines, de même qu’à la police de Paris pour trouver dans les asiles et les prisons des femmes chargées de maintenir sur les bords du Saint-Laurent la pureté du sang européen. C’est grâce à ces arrivées de personnes à marier que les Canadiens du bas fleuve sont restés Français d’origine authentique[1], Pendant la même période, la Grande-Bretagne, d’ailleurs mieux placée pour les relations avec le monde extérieur, avait employé son excédent de force pour le commerce, sinon pour l’émigration coloniale, beaucoup plus activement que la France. L’Angleterre, de même que la Hollande, remplaçait l’Espagne et le Portugal pour l’importation des épices et autres précieuses denrées. Les galions espagnols, pourchassés sur les routes habituelles de l’Océan, n’usaient plus s’y risquer sans se faire accompagner de puissants vaisseaux, tandis que les bâtiments légers des corsaires Hawkins et Drake couraient audacieusement les mers.

Cl. Sellier

québec à la fin du XVIIe siècle

Dès 1600, la reine Elisabeth donnait sa première charte à la compagnie des Indes Orientales. Mais les difficultés du peuplement dans le Nouveau Monde furent d’abord aussi grandes pour les Anglais que pour leurs rivaux de France, et même ils n’aboutissaient que quelques années plus tard à un résultat définitif. Sur la côte des États-Unis actuels, de même que sur le littoral du Canada, les premiers colons avaient été des huguenots français cherchant un lieu de paix loin de la patrie marâtre : c’étaient, en 1562, une vingtaine d’individus dirigés par Ribaud, ami de Coligny, qui s’établirent dans un des îlots de l’estuaire que commande aujourd’hui la ville de Charleston, métropole de la Caro-

  1. Benjamin Suite. Prétendue Origine des Canadiens français.