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l’homme et la terre. — colonies

où continuaient de vivre les Tupi, les Coroados et autres Indiens. D’ailleurs, la division des possessions portugaises en d’immenses capitaineries où l’immigration ne pouvait se faire ouvertement qu’au prix de mille tracasseries policières, n’était pas de nature à augmenter rapidement la population européenne.

Mais un État fondé sur la violence ne peut se maintenir que par la violence, et les Portugais ne se bornèrent point à vivre en paix dans le merveilleux pays qui leur donnait ses ombrages. D’abord ils eurent à
poterie péruvienne
expulser les Européens rivaux qui réclamaient leur part de ce que l’on croyait être « l’île » de Santa-Cruz. En 1567, ils chassèrent les Français de la baie de Rio Janeiro et leur prirent, en 1615, l’île de Maranhâo. La côte brésilienne étant aussi exposée que les Antilles aux attaques des corsaires, il fallut la défendre sur mille points contre Anglais, Français et Hollandais, surtout contre ces derniers qui finirent même par occuper le littoral avancé de Pernambuco pendant trente années du dix-septième siècle (1642-1654). Mais, à part la guerre soutenue pour la reconquête de ce territoire, le principal conflit qui éclata dans la terre brésilienne, vouée à la foi catholique, fut précisément une lutte à caractère presque religieux, puisqu’elle mit aux prises les mamelucos, blancs métissés de Sâo Paulo, et tout le Brésil méridional avec les missionnaires jésuites. En réalité, il s’agissait de part et d’autre de la possession des indigènes. Les jésuites, qui les avaient convertis et en avaient fait les serviteurs les plus dociles, voulaient les conserver, tandis que les Paulistas prétendaient s’en emparer pour les faire travailler sur