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communisme des inca

ment monarchique. Tout d’abord la terre était divisée, comme l’empire lui-même, en quatre parties : un quart était dévolu au Soleil, c’est-à-dire à son représentant terrestre, à l’Inca ; un deuxième quart appartenait au gouvernement, c’est-à-dire encore à l’Inca ; un
Cl. A. Quiroga.
bijou d’argent des bords du lac de titicaca
troisième quart constituait les propriétés des chefs ou couraca ; enfin le quatrième quart se divisait annuellement entre les familles des communautés. Cette portion suffisait d’ordinaire à l’entretien des sujets, mais, en cas de disette, ceux-ci avaient recours aux greniers publics, constitués par les réserves de l’Inca. Les animaux de charge étaient répartis de la même manière entre les Péruviens, mais le droit de chasse était réservé aux grands personnages. On ne laissait à la disposition de tous que les herbes des champs et le poisson des rivières, des lacs et de l’océan. Le guano des iles Chincha était strictement divisé entre les provinces du littoral et de l’intérieur pour fumer les campagnes respectives, aussi bien les plus éloignées de la mer que les plus voisines. On avait prévu la situation des infirmes et des malades : ils ne tombaient point à la charge de la charité privée, mais devenaient les hôtes de la nation, et les terres auxquelles ils avaient droit étaient cultivées par leurs voisins.

En échange de la terre qui donne la nourriture, l’homme du peuple devait l’obéissance absolue à tous ceux qui reflétaient la lumière du soleil. Il travaillait pour ses maîtres, soit dans les champs, soit dans les mines, sur les routes ou dans les palais : même, en certaines circonstances, on lui demandait sa vie, et il était tenu de la donner avec joie.