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les portugais en orient

n’admettaient point que l’on pût professer sans péché une autre foi que la croyance en la « très sainte Trinité » et en la vierge Marie. Les tribunaux de l’Inquisition, importés à Goa, à Malacca, fonctionnaient d’une manière plus atroce encore que dans la mère patrie, où pourtant Maures, Juifs et chrétiens hérétiques avaient été sacrifiés par milliers. Il en résulta des haines implacables et, si les timides Orientaux parmi lesquels séjournaient les aventuriers d’Europe manquaient de l’énergie nécessaire pour expulser leurs oppresseurs, du moins étaient-ils prêts à changer de maîtres. Ils attendaient de nouveaux conquérants pour les acclamer.

ruines du palais de l’inquisition à goa

Moins d’un siècle après ses grandes découvertes et ses triomphes éblouissants, le Portugal était déjà vaincu d’avance par le premier ennemi venu, car il avait complètement abdiqué entre les mains des jésuites, devenus ses directeurs de conscience. Leur élève, le roi Sébastiâo, qui avait fait vœu de chasteté et d’obéissance et auquel sa fonction de souverain interdisait le vœu de pauvreté, avait pu du moins remettre son trésor et son armée à ses professeurs bien-aimés, théologiens ardents mais politiques et généraux incapables. C’est à eux que revint l’organisa-