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LA DESTRUCTION DES CIMES.

débris qui ont glissé du haut des cimes avec les neiges, que la glace a poussés devant elle, que les eaux ont triturés, menuisés, entraînés en cailloux, en graviers et en sables, ne sont pas tous retournés à la mer, d’où ils étaient sortis à une période antérieure ; d’énormes amas se voient encore dans l’espace qui sépare les pentes hardies de la montagne et les terres basses riveraines de l’Océan. Dans cette zone intermédiaire, où les collines se déroulent en longues ondulations, comme les vagues de la mer, le sol est en entier composé de pierres roulées et de gravois entassés. Tout cela, ce sont les restes de la montagne, que les eaux ont réduite en menus fragments, transportée en détail et déversée en énormes alluvions à l’issue des grandes vallées. Les torrents descendus des hauteurs fouillent à leur aise dans ces plateaux de débris, et en font ébouler les talus dans le sillon qu’ils se sont creusé. Sur les pentes du fossé profond où serpentent les eaux, on reconnaît, dans un désordre apparent, les diverses roches qui ont servi de matériaux au grand édifice de la montagne : voici les blocs de granit et les fragments de