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L’ADORATION DES MONTAGNES.

sacré qui l’entoure. Là-haut est le dieu Siva, qui détruit et qui crée ; la aussi est la déesse Chama, la Gauri, qui conçoit et qui enfante. D’elle descendent les fleuves, les plantes, les animaux et les hommes.

Dans cette prodigieuse forêt des épopées et des traditions indoues ont germé bien d’autres légendes relatives aux montagnes de l’Himalaya, et toutes nous les montrent vivant d’une vie sublime, soit comme déesses, soit comme mères des continents et des peuples. Telle est la poétique légende qui nous fait voir dans la terre habitable une grande fleur de lotus dont les feuilles sont les péninsules étalées sur l’Océan, et dont les étamines et les pistils sont les montagnes du Mérou, génératrices de toute vie. Les glaciers, les torrents, les fleuves qui descendent des hauteurs pour aller porter sur les terres des alluvions bienfaisantes, sont eux aussi des êtres animés, des dieux et des déesses secondaires qui mettent les humbles mortels des plaines en rapport indirect avec les divinités suprêmes siégeant au-dessus des nuages dans l’espace lumineux.

Non seulement le mont Mérou, ce point