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LE LIBRE MONTAGNARD.

communauté n’est pas le moins nécessaire à la prospérité générale. Quand un désastre a lieu, il faut que tous s’entr’aident pour réparer le mal ; l’avalanche a recouvert quelques cabanes, tous travaillent à déblayer les neiges ; la pluie a raviné les champs cultivés en gradins sur les pentes, tous s’occupent de reprendre la terre éboulée dans les fonds et la reportent dans des hottes jusqu’au versant d’où elle est descendue ; le torrent débordé a recouvert les prairies de cailloux, tous s’emploient à dégager le gazon de ces débris qui l’étouffent. En hiver, lorsqu’il est dangereux de s’aventurer dans les neiges, ils comptent sur l’hospitalité les uns des autres ; ils sont tous frères, ils appartiennent à la même famille, Aussi, quand ils sont attaqués, résistent-ils d’un commun accord, mus pour ainsi dire par une seule pensée. D’ailleurs, la vie de luttes incessantes, de combats sans trêve contre les dangers de toute sorte, peut-être aussi l’air pur, salubre, qu’ils respirent, en font des hommes hardis, dédaigneux de la mort. Travailleurs pacifiques, ils n’attaquent point, mais ils savent se défendre.