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LES NEIGES.

barricades ; de l’autre côté, il les a presque entièrement balayées. Un certain désordre dans la nature indique le voisinage de l’homme ; mais là, comme ailleurs, la paix est sans bornes ; rarement un bruit trouble le silence de mort qui règne sur la vallée et sur les monts.

Pourtant, il faut quelquefois que l’homme et les autres habitants des montagnes sortent de leurs tanières et troublent le grand repos de la nature. Seule, la marmotte, cachée dans son trou, sous l’épaisseur des neiges, peut dormir pendant les longs mois de l’hiver et attendre, dans un état de mort apparente, que le printemps rende la liberté aux ruisseaux, aux gazons et aux fleurs. Moins heureux, le chamois, que la neige chasse des hautes cimes, doit rôder dans le voisinage des forêts, chercher un refuge entre les arbres pressés, en ronger les écorces et les feuillages. L’homme, de son côté, doit quitter sa demeure pour échanger quelques produits, acheter des provisions, remplir des engagements de famille ou d’amitié. Il faut alors déblayer les monceaux de neige qui se sont accumulés devant