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XXXIX. Raconter les faits des autorités civiles et religieuses, ne serait-ce pas rappeler les hontes et les douleurs de l’humanité ? Nous nous en abstenons donc ici, et ne nous arrêtons qu’à l’enchaînement des idées.

L’autorité n’étant qu’un fait, l’autorité est nécessaire tant que le fidèle, le serf et le sujet croient que celui qui leur commande est plus qu’eux, et qu’il est plus qu’un homme ; elle est alors vraie, indiscutable, car on en a besoin, car la nécessité est la première des lois et la meilleure des raisons ; mais du moment qu’on ne croit plus à l’autorité, elle est anéantie de fait et de droit ; car si elle peut brûler, elle ne peut convaincre.

Dès que l’autorité relative, c’est-à-dire l’autorité mélangée d’intelligence et de liberté, a dépensé son principe supérieur en faveur d’un peuple ou d’un individu qui a su se les assimiler, elle n’est plus alors qu’autorité pure ; et c’est précisément lorsqu’elle doit périr, qu’elle se proclame éternelle et absolue.

XL. La souveraineté absolue et l’autorité relative s’accordent à dire que la mesure du péché est celle de leur pouvoir.

Soit.

Or, l’autorité étant exercée par des hommes, tant vaudra le subordonné, tant vaudra le maître.

XLI. Pour autant que l’autorité aura été juste, pour autant elle aura développé le peuple vers la moralité, pour autant elle aura fait l’œuvre que se proposait le précepteur de Louis XV, qui travaillait à se rendre inutile.

Pour autant qu’elle aura été injuste, pour autant elle aura développé les instincts de révolte et produit la rébellion.