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point commun à tous les partis (il est vrai que ce pouvoir ne serait qu’une des expressions de la liberté), mais toujours le pouvoir se perd en cessant d’être le point central des opinions, en devenant un parti lui-même, un extrême.

Le juste-milieu, c’est la pondération entre les forces ; affaire de statique, c’est la neutralisation de toutes les puissances, qu’il réduit au minimum ; il proteste contre tout mouvement énergique, car alors comment le maîtriserait-il ? il n’aime pas la vie, car la vie ne se pèse, ni ne se mesure. Il tend à l’immobilisme, il tend à la mort. En effet, le juste-milieu concentre l’univers en un point mathématique, et ce point, c’est lui. Ce point mathématique n’ayant ni largeur, ni longueur, ni hauteur, ni épaisseur, serait l’infini de la petitesse, s’il n’était le juste-milieu entre ce qui est et ce qui n’est pas ; et comment voudrait-il le mouvement, lui qui ignore ce que c’est que l’espace, comment voudrait-il de l’Esprit, lui qui proteste contre l’infini ?

XXXVIII. Comme fait, l’autorité relative se traduira par un fait relatif. Ce sera le hasard du moment qui deviendra la nécessité du moment. Ce sont les lois et les dogmes d’un jour, dont le mérite est d’être provisoires et temporaires, et le tort de se croire éternels. C’est ainsi que la propriété civile est celle que l’on possède depuis trente ans, sans conteste ; car sous peine d’une guerre éternelle, il doit y avoir prescription pour toutes les usurpations.

En revanche d’autorité religieuse qui ne se prétende absolue, il y en a bien peu ; car presque toutes se donnent une valeur éternelle. Mais pour qu’un dogme soit absolu, la foi du fidèle n’est pas absolue ; ce qui est aussi une manière de relativer l’absolu.