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aux lois éternelles, et devant les lois éternelles il n’est pas de peine trop grande pour la moindre des peccadilles.

Le péché, voilà donc le fondement moral de l’idée d’autorité. Qui dit péché originel, dit autorité absolue et perversité complète de la nature humaine, et dit que la gangrène a pourri la tête et le cœur.


CHAPITRE III.


Sanction de l’autorité.

XXIV. Quand il y a péché, l’autorité est la punition. Si le crime appelle le châtiment, c’est l’autorité qui le donne. La grande sanction de la loi c’est le châtiment. La parole qui ordonne, dit : « Fais ceci, ou tu mourras. » Le châtiment, disent les lois de Manou, « le châtiment gouverne le genre humain, le châtiment veille pendant que tout dort, le châtiment est la justice, le châtiment est la plus » puissante des énergies. »

L’homme étant mauvais et corrompu, peut-il faire autre chose que le mal ? Le bien est alors qu’il soit passif, entièrement passif. Être absurde et méchant, il obéira par la contrainte ; d’intelligence il ne doit en avoir que pour comprendre l’ordre, de sensibilité, que pour sentir les coups de fouet.

Peu importe à l’autorité que tu l’acceptes ou non ; que fait la résistance du captif à la lourde chaîne qui le scelle à la muraille ? L’autorité ignore ton obéissance, comme ta révolte ; mais si tu la braves, force restera à la loi, c’est-à-dire que tu seras écrasé et que tu apprendras ce qu’est la raison du sabre et la logique de la mitraille.