pestes du Moyen Age, un Français seulement sur vingt a été attaqué.
Ta lettre m’a fait un grand plaisir ; je suis heureux de savoir qu’Onésime[1], dont il m’avait été impossible d’avoir des nouvelles pendant trois ans, a fini brillamment ses études ; il paraît que, maintenant, il est assez irrésolu et ne sait de quel côté se tourner ; mais qu’il étudie la médecine ou l’agriculture ou la mécanique, je ne pourrai que m’en réjouir, car, de toutes les manières, il peut devenir un homme utile ; pour ma part, toutes mes sympathies se portent vers l’agriculture, mais je ne suis pas assez égoïste pour vouloir entraîner mes frères dans la voie que j’ai choisie. Je croyais, lorsque j’étais en Irlande, être décidément devenu laboureur, mais lorsque j’ai été détrompé et que j’ai cru devoir quitter l’Europe, j’ai dû courir au plus pressé, et c’est pour cela que je suis redevenu précepteur ; mais je n’en continue pas moins mes études agricoles, et, quand mon élève, Michel Fortier, ira au collège et que mes autres élèves deviendront un peu trop grandettes pour que je reste ici, je serai fier et heureux de redevenir ce qu’était mon grand-père. D’après ta lettre, il paraît que l’oncle Reclus a été ulcéré de savoir que j’ai été portefaix ; quant à moi, c’est là un des souvenirs les plus agréables de ma vie aventureuse. Ne te figure pas que j’aie souffert le moins du monde pour me décider a rouler des barils de porc ; bien loin de là : tout simplement quand ma dernière piastre a été dépensée, j’ai été en gagner une par jour comme homme de peine ; je n’avais pas assez de fausse honte pour me croire obligé
- ↑ Onésime, le troisième des fils Reclus, devenu géographe comme son frère.