parmi lesquels les frères Reclus, et le brave homme, fort marri de la commission, s’empressa d’avertir Mme Reclus, l’éducatrice pour laquelle il professait la plus grande vénération. L’avertissement discret venait précisément à point pour hâter l’exécution du projet des jeunes gens, qui était d’aller s’établir en Angleterre pour y continuer leur apprentissage de la vie et leurs études sociologiques. La noble mère réussit encore à trouver cinq cents francs pour ses fils et ceux-ci, riches comme ils ne l’avaient jamais été, traversèrent commodément la France en diligence et chemin de fer, sans autre incident que de voir au Havre se fermer tranquillement devant eux la porte d’un « cher frère en Christ », très riche négociant qui daignait bien échanger des correspondances évangéliques avec le pasteur Reclus, mais qui ne voulait pas se compromettre en recevant de jeunes républicains dans sa maison. Heureusement, les deux réprouvés trouvèrent un vieux capitaine de navire qui, sur leur bonne mine, voulut bien leur donner l’attestation nécessaire de bonne conduite et mœurs et, par une froide nuit, neigeuse et boueuse, le 1er janvier 1852, ils arrivèrent à Londres, où un compagnon révolutionnaire hongrois, rencontré sur le bateau, leur procura aussitôt une chambre garnie, en un quartier convenable.
La lutte commença, car c’était bien une lutte. Élisée n’était encore qu’un jeune homme avide de s’instruire. Élie qu’un philosophe, un théologien, et la théologie se vend toute faite en Angleterre : rares étaient ceux qui auraient vraiment apprécié son bagage de