en lui les souvenirs presqu’éteints, pour que son être se modèle aussi peu à peu sur ces souvenirs. Il serait beau le chrétien qui deviendrait homme mûr, tout en gardant la naïveté de l’enfance, à la fois doux et simple, généreux persécuteur de l’idéal, impatient des bornes qui l’enferment et, par-dessus tout, enfant de Dieu.
Il n’y a plus guère dans l’Institut que des Anglais, et les Allemands qui s’y trouvent parsemés ne sont généralement que des paresseux, renvoyés des Gymnasiums ; aussi ne se distinguent-ils guère que par leur paresse et leur servilité ; les Anglais sont bien meilleurs sous ce rapport, car ils ne sont pas de cire, et leur volonté pour être impressionnée doit être combattue par une autre volonté ; mais cette volonté dégénère le plus souvent en entêtement, et cet entêtement est déjà une faiblesse. Ce n’est pas à dire que, pour cela, ils aient beaucoup d’intelligence ; bien au contraire, pour tout ce qui est théorie, affaire d’intelligence pure ou d’imagination, ils sont complètement nuls, mais, pour la pratique, ce sont tous des machines plus ou moins bien perfectionnées. Le niveau des études a aussi complètement baissé, surtout pour le latin, et c’est tout au plus si on ose s’attaquer aux Commentaires de César. Mais en revanche, maintenant, le français s’apprend avec une espèce d’enthousiasme ; chaque professeur presque donne une leçon de français et chaque élève l’apprend ; un autre professeur français est aussi depuis quelque temps dans l’Institut, c’est presque une colonie… Mais mon soleil et mes montagnes lointaines et mon printemps et vous, le père Rhin et la forêt Thuringienne ne pourront point me le rendre. Je suis obligé d’aller vous chercher dans mon passé, de me