cun effort. Aucun de nous n’est autre qu’un milliardième de l’humanité tout entière ; notre action individuelle sur cette énorme masse sera donc bien minime et nous n’aurons fait progresser l’effrayante machine que d’un cran d’une petitesse infinitésimale. Nous aurons d’autant plus la satisfaction d’avoir fait notre devoir que nous l’aurons accompli par amour de la justice et que la joie du triomphe y sera rarement pour quelque chose. La vraie générosité ne demande jamais de récompense. C’est en cela que nous différons des chrétiens qui font l’usure avec le bon Dieu et qui mettent dans une balance chacun de leurs actes et les joies du Paradis. S’il nous suffisait d’agir pour remuer le monde, la vanité pourrait nous porter à être bons, mais c’est la conscience de notre devoir, le sentiment de la justice qui seuls doivent nous y pousser. Il est vrai que nous avons aussi la grande satisfaction de travailler de concert et de nous entr’aider par notre amour. Tous les progrès infinitésimaux que nous réalisons ici et là s’ajoutent l’un à l’autre, hâtent le progrès général et vont comme des gouttes d’eau grossir le grand fleuve. Fondons en nous-mêmes et autour de nous de petites républiques. Graduellement ces groupes isolés se rapprocheront comme des cristaux épars et formeront la grande République.
Tu as sans doute appris par des lettres d’Orthez ou de Poitiers comment vont les divers membres de la famille. Onésime jouit d’une meilleure santé et il doit prochainement recommencer à travailler.
Quant à notre petite communauté, elle a été plus ou moins grippée, enrhumée, enchiffrenée, attaquée de migraines et autres agréments de la vie. Bébé, grand tapageur, s’il en fut, commence à affirmer sa petite