vers, et le premier morceau qu’elle y insère est celui d’Alfred de Musset :
Ô Christ, je ne suis pas de ceux que la prière
Dans ton temple muet amène à pas tremblants.
Je ne suis pas de ceux qui vont à ton Calvaire
À genoux sur le sol baiser tes pieds sanglants !
La petite Ioana[1] se permet de faire des allusions diaphanes à l’amour et aux amoureux, et je puis, en guise de chapitre du soir, lire sans impunité des phrases impies de Toussenel, adressées à l’être profondément immoral qu’on appelle Dieu !
Maman a vieilli, sa tête s’est rapetissée. Elle est très bonne pour moi, très confiante…
Quant aux autres membres de la famille, tu les connais : il te reste à admirer Pierre Bicaton, domestique idéal, comme mon père seul peut en avoir. Loin de nous servir, il nous patronne : au jour de l’an il envoie des cadeaux aux enfants ; en me voyant, il s’est jeté à mon cou et m’a tiré la barbe. Il travaille aussi peu que possible et gronde ceux qui ne font pas son ouvrage. Un jour, mon père, pour l’exhorter à l’ouvrage d’une manière délicate, prit un rateau pour nettoyer les allées du jardin. Sans peur et sans reproche, Bicaton va droit à mon père et l’encourage dans sa vertueuse occupation. « C’est bien, c’est très bien, monsieur Reclus ; vous faites cela beaucoup mieux que moi, continuez. » Et il contemple mon père d’un air souriant et naïf.
Les Orthéziens sont de mieux en mieux : ayant le Gave chez eux, ils s’en vont chercher de l’eau pour leurs fontaines au monument du Général Foy, aux
- ↑ Ioana, la plus jeune sœur d’Élisée.