à une demi-lieue vers l’est, elle oscille de droite à gauche et de gauche à droite selon les saisons.
Le mouvement commercial de Riohacha est plus remarquable que pourrait le faire supposer l’aspect de la ville. La valeur des échanges est d’environ quatre millions de francs et le port est visité annuellement par deux cent cinquante petits navires d’un port total de vingt mille tonneaux. L’exportation consiste presque uniquement en bois de Brésil, en bois jaune et en dividivi, graisse noirâtre dont les teinturiers et les tanneurs se servent en Angleterre. Quant à l’agriculture, elle est complètement nulle. D’ici à cent lieues à la ronde, personne n’a vu de charrue et les savants seuls en ont entendu parler ; aux environs de Riohacha, il n’y a que quatre petits carrés de terre défrichés ; on les appelle roses, par ironie sans doute, car on y trouve à peine quelques pieds de manioc.
Mais bientôt, je vais dire un adieu définitif à cette triste ville où je ne me sens heureux que parce que je suis fermement résolu à l’être ; dans quelques jours, je repars pour la Sierra où j’ai été déjà choisir notre habitation future, et je ne manie plus que le sabre, qui est ici le seul instrument de labourage connu.
Le chemin qu’il faut suivre pour aller d’ici à Dibulla, village situé au pied même de la Sierra Nevada, à quinze lieues de Riohacha, est très intéressant. Il se compose en entier de cordons littoraux ou langues étroites de terre formant des arcs de cercle parfaits de promontoire à promontoire. Ces cordons littoraux ont en général une largeur de quelques mètres seulement ; ils s’avancent pourtant avec une régularité géométrique entre la haute mer et les vastes lagunes qui, jadis, faisaient aussi partie de l’Océan, et maintenant s’assi-