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NOTES.

(93) Triśôula, trident que le dieu Sîva, Roudra ou Mahâdêva, porte à la jnain ; ce qui lui a fait donner le surnom de śôuli, ou porte-trident. C'est le signe de sa puissance dans le ciel, sur la terre et dans les enfers. Ce triple gouvernement est exprimé par le mot sanskrit Tripourandaga, c'est-à-dire, Dieu qui gouverne les trois mondes, figurés par trois montagnes appelées Tripoura. Le triśôula ou τρίοδους diffère très-peu, quant à la forme, de celui qu'on remarque sur la tête du dieu égyptien Osiris, et qui doit probablement désigner aussi un triple empire. Suivant le P. Paulin (Viaggio, p. 298 ), dont je partage l'opinion, Osiris ou le Soleil est le même que Sîva ou Mahâdêva, c'est-à-dire, le grand dieu, chez les Égyptiens comme chez les Indiens. Les Saiva, c'est-à-dire, les Hindous qui ont une dévotion particulière pour Sîva (voyez ci-dessus ma note, p. 214), portent ce signe sur le front ou sur la poitrine ; et ils l'appellent quelquefois rounâma [nom saint] : c'est ainsi qu'on lisoit le nom ineffable de יְהוָה Jéhovah sur le front du grand-prêtre des Hébreux ; et les Hébreux eux-mêmes suspendoient le Décalogue sur leur front. Saint Jérôme observe à ce sujet que les Indiens et les Persans portoient de semblables signes. On vient de voir que les Indiens modernes conservent encore aujourd'hui cet usage ; mais je n'en trouve aucune trace sur les anciennes médailles perses, ou dans les monumens rapportés par MM. Hyde, Anquetil et Silvestre de Sacy.

(94) C'est sur-tout pour ce qui regarde Jupiter que les rapprochemens de notre auteur manquent de justesse. Avec un peu d'attention, il est aisé de s'apercevoir que les attributs de ce dieu conviennent à plusieurs divinités indiennes. Pater Deorum conviendroit à Brâhmah, juvans pater à Vichnou, Jupiter ultùr à Mahâdêva ou Sîva, fulminans à Indrâ. Comme planète, c'est le même que Vrihaspati, qui préside aux bons génies. Neptune et Pluton n'ont aucun rapport avec Varouna et Couvèra, qui ne sont que des génies très-insignifians : l'un préside à l'eau, et le second aux richesses. Le rapprochement de Jov ou Zeus avec Sîva est bien hasardé, sur-tout quand on sait que les anciens nommoient Sîva, Bacchus ou Bâguîs, Il valoit mieux convenir que les sectateurs des Pourânas ne connoissent pas de dieu qui ressemble à Jupiter. Ils sont réellement monothéistes, et ne reconnoissent au fond qu'un seul dieu,dont Us personnifient les attributs. (Note communiquée par mon ami Hamilton.)

(95) Ou Pàrvadî, souveraine des montagnes. Voyez Systema Brahmanicum, &c. page 99 ; ma note 109,page 271, et la note*, tome II, page 371.