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NOTES.

promptement que la conversation des personnages religieux et une attention sérieuse à l’histoire de Vichnou, harmonieusement racontée par de pieux mounis. À moins de converser avec les hommes religieux, on ne peut connoître les nobles faits du dieu conservateur ; sans cette connoissance, on ne peut triompher des passions ; sans ce triomphe, on ne peut acquérir la vraie piété ; et sans elle, Dieu ne sera jamais vu de l’homme, quelques sacrifices qu’il célèbre, quelques cérémonies qu’il observe. Ô Guerhoûr, vole aux régions de l’Occident, et prête une oreille pieuse, avec les oiseaux d’un : ordre inférieur, aux exploits de Râm racontés par la sage habitante de la montagne d’Azur, la vertueuse Bhoùchanda ; ce récit domptera ta passion et bannira entièrement tes douleurs. N’attends pas de moi ta guérison, puisque tu as nourri des pensées orgueilleuses au sujet de Râm, qui m’a comblé de faveurs. D’ailleurs, un oiseau transmettra plus efficacement des instructions à un autre oiseau dans leur dialecte commun.

Je n’ai pas perdu un moment pour chercher ton délicieux séjour ; et son aspect a détruit presque entièrement mon orgueil, grâce à son fruit amer, mais assuré, l’affliction. Achève ma guérison, ô ma sœur bien-aimée, en me racontant l’histoire sacrée de Râm. »

La pieuse Bhoûchanda obtempéra aussitôt à sa demande ; et ayant prononcé l’éloge du dieu incarné, elle commença par le récit de son avatar [ou descente]. Elle raconta ensuite les aventures de son enfance, les actions de sa jeunesse, et les particularités de son mariage avec Sîta. Elle apprit à l’aigle attentif comment les manœuvres de Bhârt, beau-frère de Râm, et celles de Caycai sa belle-mère, engagèrent le roi Djesr et son père à l’envoyer dans les bois, tandis que toute la nation désolée déploroit sa perte ; comment Letch’hmen, son tendre frère, insista pour l’accompagner dans son exil ; comment ils méditèrent sur la providence dans une grande forêt, et passèrent le Gange afin de prêcher des leçons de piété dans les villes populeuses. Elle dit la mort du vieux rûdjah, la pénitence de Bhârt et son voyage à la poursuite de Râm, qui, après de longues et vives sollicitations, retourna dans Ayodhyâ [Aoude], où il vécut avec la splendeur d’une divinité. Elle dit comment Râm se retira de nouveau parmi les bosquets, et y donna des instructions à des ermites et à de vénérables mounis ; comment Letch’hmen irrité défigura une géante et tua deux géans, sœur et parens de Râvan ; comment cet impérieux démon se saisit par force de l’incomparable Sîta, et transporta sa captive dans l’ile de Lankâ [Ceylan], siége de sa domination tyrannique ; comment