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SUR LES DIEUX DE LA GRÈCE,

Plusieurs savans mythologues, ayant à leur tête Lilio Gyraldi, voient dans la pacifique Minerve l'Isis égyptienne. Plutarque cite une inscription singulière du temple de cette dernière à Sais (104), qui a de la ressemblance avec les quatre strophes rapportées ci-dessus, comme servant de texte au Bhagavat : « Je suis tout ce qui a été, est » et sera, et jamais mortel n'a soulevé mon voile (105).» Quant à moi, je ne doute nullement que l'Isouara et l'Isî des Hindous ne soient l'Osiris et l'Isis des Égyptiens ; mais il faudrait un Mémoire séparé, à la manière de Plutarque, pour démontrer leur identité. Ils désignent, à ce qu'il me semble, les facultés de la nature considérées comme mâle et femelle ; et Isis, à l'instar des autres déesses, représente la faculté active de son époux, dont les huit formes sous lesquelles il devient visible à l'homme furent décrites en ces termes par Câlidâsa (106), il y a près de deux mille ans : « L'eau fut le premier ouvrage du Créateur ; et le feu reçoit l'oblation de beurre clarifié (107), comme la loi le prescrit ; le sacrifice s'accomplit avec solennité ; les deux luminaires du ciel distinguent le temps ; l'éther subtil, qui est le véhicule du son, pénètre l'univers ; la terre est naturellement la mère de tout accroissement ; et l'air anime toutes les choses qui respirent. Puisse Isa, le pouvoir qui daigne se manifester sous ces huit formes, vous accorder ses bénédictions et son appui (108) ! » Les cinq élémens, aussi-bien que le Soleil et la Lune, sont donc considérés comme Isa, ou celui qui gouverne : or, d'Isa on peut former régulièrement Isî, quoiqu'Îśânî soit le nom usité pour sa faculté active, adorée comme la déesse de la nature. Je n'ai pas encore trouvé dans les livres sanskrits le conte bizarre, mais poétique, d'io ; mais je suis persuadé qu'au moyen des Pourânas nous découvrirons, avec le temps, toute la science des Égyptiens, sans déchiffrer leurs hiéroglyphes. Le taureau d'isouara paraît être Apis, ou Ap, ainsi qu'il est plus correctement nommé dans la véritable leçon d'un passage de Jérémie ; et si la vénération qu'on témoigne dans le Tibet et dans l'Inde pour un quadrupède aussi aimable et aussi utile que la vache, ainsi que la reproduction du Lama