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DE L’ITALIE ET DE L’INDE.

Îśouara(68), Roudra, Hara, Sambhou, et Mahâdèva ou Mahêsa. Les premières opérations de ces trois pouvoirs sont diversement décrites, dans ies différens Pourânas, par une multitude d’allégories ; et nous y trouvons l’origine de la philosophie ionienne sur l’eau primitive, du dogme de l’œuf symbole du monde, et de la vénération qu’on avoit pour le nymphœa ou lotus(69), qui étoit anciennement révéré en Égypte, comme il l’est aujourd’hui dans l’Hindoustân, le Tibet et le Népal(70). On dit que les Tibétains en décorent leurs temples et leurs autels ; et un habitant du Népal se prosterna plusieurs fois devant un lotus, dans mon cabinet, où cette belle plante et ses superbes fleurs étoient offertes à l’examen des curieux. M. Holwell, dans l’explication de sa première planche, suppose que Brâhmah flotte au milieu de l’abîme sur une feuille de bétel(71) ; mais il est évident que c’est une feuille de lotus ou de figuier-d’Inde, mal dessinée. L’espèce de poivre connue au Bengale sous le nom de tâmbôula, et à la côte de Malabar sous celui de bétel, n’est point, ainsi qu’il l’assure, regardée comme sacrée par les Hindous, ou nécessairement cultivée sous l’inspection de quelques Brahmanes. Tout ce qu’il y a de vrai, c’est qu’à raison de la délicatesse de sa tige, on en abrite avec soin les plantations, et qu’elle doit être cultivée par une tribu particulière de Sôudras, qui prennent de là le nom de Tâmbôuli.

L’opinion de tous les philosophes indiens est que l’eau fut l’élément primitif et le premier ouvrage de la puissance créatrice : mais comme ils rendent un compte si particulier du déluge universel et de la création, il est impossible d’admettre que la totalité de leur système ait pris sa source dans des traditions relatives au seul déluge ; et il doit paroître indubitable que leur doctrine est en partie empruntée du début du Bérêchyt [de la Genèse], où se trouve ce passage, qui, depuis le premier mot jusqu’au dernier, est le plus sublime qui ait jamais coulé ou coulera jamais d’une plume humaine : « Au commencement Dieu créa les cieux et la terre. — Et la terre étoit stérile et sans habitans ; et les ténèbres (couvraient) la face de l’abime ; et l’esprit de Dieu s’agitoit sur la surface des eaux ; et Dieu dit, Que