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SUR LES DIEUX DE LA GRÈCE,

par leur zêta, et que les lettres initiales de zugon et de jugum sont aisément substituées l’une à l’autre, ainsi que cet exemple le prouve(62).

Descendons maintenant de ces observations générales et préliminaires à quelques remarques particulières sur la ressemblance qui existe entre Zeus ou Jupiter et la triple divinité Vichnou, Sîva et Brâhmah : car tel est l’ordre dans lequel ils sont énoncés par les lettres A, U et M, qui s’amalgament ensemble, et forment le mot mystique ÔM(63) ; mot que le pieux Hindou, qui le médite en silence, ne laisse jamais échapper de ses lèvres. Je m’en repose sur d’autres pour déterminer si le on des Égyptiens, qui, dans l’opinion générale, signifie le Soleil, est le monosyllabe sanskrit(64). Il faut toujours se souvenir que, d’après les instructions contenues dans leurs livres sacrés, les savans Indiens ne reconnoissent véritablement qu’un Etre suprême, qu’ils appellent Brahmah(65), ou le Grand, au genre neutre. Ils croient son essence infiniment au-dessus de toute intelligence, excepté de la sienne ; et ils supposent qu’il manifeste sa puissance par l’opération de son esprit divin, qu’ils nomment Vichnou [le Pénétrant], et Nârâyan [Marchant sur les eaux], l’un et l’autre au masculin, d’où il prend souvent le nom de premier mâle : ils croient enfin que ce dieu conserve et soutient l’ordre entier de la nature. Mais les Vêdântis(66), hors d’état de se faire une idée distincte de la matière brute, indépendante de l’esprit, ou de concevoir que l’ouvrage de la suprême bonté ait été laissé un seul moment à lui-même, imaginent que la Divinité s’occupe continuellement de son ouvrage, et soutient sans cesse une série de perceptions que, dans un sens, ils nomment illusoires, quoiqu’ils soient forcés d’avouer la réalité de toutes les formes créées, en tant qu’elles peuvent affecter le bonheur des créatures. Lorsqu’ils envisagent la puissance divine s’exerçant à créer ou à donner l’existence à ce qui n’existoit pas auparavant, ils appellent Dieu Brahmah, aussi au masculin ; et lorsqu’ils le considèrent en qualité de destructeur, ou plutôt de changeur de formes, ils lui donnent mille noms, dont les plus communs sont ceux de Sîva(67), Îśa ou