Page:Recherches asiatiques, ou Mémoires de la Société établie au Bengale, tome 1.djvu/307

Cette page n’a pas encore été corrigée
181
DE L’ITALIE ET DE L’INDE.

Les Romains, comme nous l’avons déjà observé, avoient plusieurs Jupiters, dont l’un n’étoit autre chose que le firmament personnifié, ainsi qu’Ennius le dit clairement :

Aspice hoc sublime candens, quent invocant omnes Jovem(61).

Ce Jupiter, ou Diespiter, est le dieu indien des deux visibles, appelé Indrâ [le roi], et Divespetir [le seigneur du ciel], qui a aussi les attributs du génie des Romains, ou de chef des bons esprits ; mais plusieurs de ses épithètes en sanskrit sont les mêmes que celles du Jupiter d’Ennius. Son épouse est nommée Satchî ; sa ville céleste, Amardvati ; son palais, Vaidjayanta ; son jardin, Nandana ; son principal éléphant, Airdvat ; son cocher, Mât ali ; et son arme, vadjra, ou le foudre. Il gouverne les vents et les pluies ; et quoique l’orient soit particulièrement sous sa direction, son Olympe est Mérou, ou le pôle septentrional, représenté allégoriquement comme une montagne d’or et de pierres précieuses. Malgré toute sa puissance, il est regardé comme une divinité du second ordre, et très-inférieure aux trois personnes de la Trinité indienne, Brâhmah, Vichnou, et Mahâdêva ou Sîva, qui sont trois formes d’une seule et même divinité. Ainsi la principale divinité des Grecs et des Latins, qu’ils appeloient Zeus et Jupiter, mots dont le génitif est irrégulier, et fait Dios et Jovis, n’étoit pas seulement Fulminator [le Tonnant] ; mais, comme le dieu destructeur de l’Inde, il s’appeloit Magnus Divus, Ultor, Genitor ; comme le dieu conservateur, Conservator, Soter, Opitulus, Altor, Ruminus ; et comme le dieu créateur, celui qui donne la vie. Je fais mention de ce dernier, attribut sur la foi de Cornutus, auteur consommé dans la science mythologique. Platon lui-même conseille de chercher les racines des mots grecs sur un sol barbare, c’est-à-dire, étranger ; mais moi, qui regarde les conjectures fondées sur l’étymologie comme une foible base pour les recherches historiques, j’ose à peine indiquer que Zev, Sîv et Jov sont la même syllabe, différemment prononcée. Il faut cependant convenir que les Grecs n’ayant point de sigma palatal semblable à celui des Indiens, ont pu l’exprimer

Jupiter, le même qu’Indrâ, &c.