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SUR LES DIEUX DE LA GRÈCE,

cinquante de ces jours se sont écoulés, suivant les Hindous, depuis la création. J’admets volontiers et je penche même à croire que tout cet enfantillage, tel qu’il paroît être à la première vue, n’est qu’une énigme astronomique, relative à la révolution apparente des étoiles fixes, dont les Brahmanes faisoient un mystère : mais un arrangement aussi technique exclut toute idée d’histoire sérieuse. Je sens combien ces remarques blesseront les ardens défenseurs de l’antiquité indienne ; mais nous ne devons pas sacrifier la vérité à la crainte pusillanime d’offenser. Je ne croirai jamais que les Vêdas aient été composés avant le déluge(49) ; et nous ne sommes pas fondés à conclure de l’histoire précédente, que les savans Hindous le croient ; car le sommeil allégorique de Brâhmah, et le vol des livres sacrés, signifient seulement, dans un langage plus simple, que la race humaine étoit plongée dans la corruption : mais je prends sur moi d’assurer que les Vêdas sont très-anciens, et remontent beaucoup plus haut que toute autre production sanskrite, tant pour les avoir examinés par moi-même, que pour en avoir comparé le style avec celui des Pourânas(50) et du Dherma sâstra(51). Une comparaison semblable m’autorise à prononcer que l’excellent code attribué à Saouâyambhouva Menou, quoiqu’on ne le prétende pas écrit par lui, est plus ancien que le Bhagavat : mais les Brahmanes auroient de la peine à me persuader qu’il fut composé dans le premier âge du monde ; et la date qu’on y a fixée, ne se trouve ni aux deux copies que je possède, ni à aucune de celles qui ont été collationnées pour moi. Dans le fait, la date supposée est comprise dans un vers qui contredit directement l’ouvrage même : car ce n’est pas Menou qui rédigea le code, par le commandement de son père Brâhmah, mais un saint personnage ou demi-dieu, nommé Bhrigou, qui révéla aux hommes ce que Menou avoit enseigné, à sa prière et à celle des autres saints ou patriarches. Pour terminer cette digression, la mesure des vers du Mànava sâstra(52) est si uniforme et si mélodieuse, et le style si parfaitement sanskrit ou châtié, que ce livre est nécessairement plus moderne que les écritures de Moïse, où la simplicité,