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DE L’ITALIE ET DE L’INDE.

autre but que de châtier les habitans de Vradja. Ce peuple, à ce qu’il semble, avoit offensé Indrâ, le dieu du firmament(37), par son culte enthousiaste de l’enfant merveilleux, qui enlevoit le mont Gôverdhana comme si c’eût été une fleur, et convainquit Indrâ de sa suprématie, en abritant de l’orage tous les bergers et toutes les bergères. Un examen attentif des dix avatars ou descentes(38) de la Divinité dans son caractère de conservatrice, prouvera que l’âge satya(39), ou, si nous pouvons hasarder de l’appeler ainsi, l’âge Saturnien, fut réellement celui du déluge général, puisque, sur les quatre qu’on dit avoir eu lieu dans l’youg satya, les trois premiers se rapportent évidemment à quelque terrible convulsion du globe, occasionnée par la mer, et le quatrième montre le châtiment miraculeux de l’orgueil et de l’impiété. En premier lieu, comme nous l’avons fait voir, il y eut, dans l’opinion des Hindous, une intervention de la Providence pour sauver un personnage pieux et sa famille (car tous les Pandits s’accordent à penser que sa femme, quoiqu’il n’en soit pas fait mention, doit être comprise dans sa délivrance) d’une inondation qui détruisit tous les pervers. Secondement, la divinité descend sous la forme d’un verrat(40), symbole de la force, pour tirer et soutenir sur ses défenses toute la terre affaissée sous l’océan. Troisièmement, le même pouvoir est représenté sous la forme d’une tortue qui soutient le globe, bouleversé par les violens assauts des démons, tandis que les dieux battoient la mer avec la montagne Mandar(41), et la forçoient de dégorger les choses sacrées et les animaux, ainsi que l’eau de vie(42), qu’elle avoit avalés. Ces trois histoires, je pense, ont trait au même événement, déguisé sous une triple allégorie, morale, métaphysique et astronomique ; et toutes trois paroissent liées avec les sculptures hiéroglyphiques de l’ancienne Égypte. Le quatrième âvatâr fut un lion sortant d’une colonne de marbre entr’ouverte pour dévorer un monarque blasphémateur, qui, sans cela, auroit tué le prince religieux à qui il avoit donné le jour ; et des six autres, aucun n’a rapport à un déluge. Les trois qui sont assignés au trétâ-youg, époque de l’origine de la tyrannie