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LES NUITS CHAUDES DU CAP FRANÇAIS


bourreaux ; que son orgueil était brisé, qu’elle n’était plus qu’une chair sensible au mal, et sans énergie pour le braver.

Dès ce moment d’ailleurs, je ne m’occupai plus d’elle. Ma colère, dont elle éprouvait la violence, était comme ces fleuves débordés qui répandent au hasard la destruction. Malgré ses crimes, et le terrible châtiment auquel je venais de la condamner, je n’avais point de ressentiment contre elle. Elle avait disparu pour ainsi dire de mon existence, le souvenir même de ses voluptés et du meurtre qui nous avaient liées n’existait plus. Je ne pensais qu’à Antoinette, et c’était parce que j’hésitais encore à frapper cette enfant, que je passais ma haine, ma rage, sur la négresse.

Cependant j’avais pris Antoinette par le bras et, malgré sa résistance, je l’entraînais dans sa chambre.

— Ignoble fille, lui dis-je, puisque vous n’avez pas voulu de mes bontés, vous apprendrez à vos dépens que je sais aussi punir.

— On me délivrera, dit-elle.

Je la souffletai.

— Personne n’entrera ici, entendez-vous : Personne ! Vous êtes à moi, et vous resterez à moi.

Elle se mit à sangloter en arrivant chez elle ; pour moi, je ne me souciais pas de ses larmes ; je m’assurai seulement que les volets des fenêtres étaient bien fermés. Tandis que j’étais aux croisées, elle tenta de se glisser hors de la chambre, mais je l’attrapai par sa jupe et, la ramenant jusqu’au lit, je dénudai son