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LES NUITS CHAUDES DU CAP FRANÇAIS


je connais certaine histoire de succession où l’on aide à mourir une vieille tante avec beaucoup d’empressement ; histoire qu’elle n’aimerait guère voir divulguée, et dont je l’effraierai pour la forcer à se taire.

» Si pourtant mes menaces ne suffisaient pas, je vous engagerais à quitter le Cap. »

Quitter le Cap, c’est perdre une partie de ma fortune, car comment diriger cette plantation si je suis loin des Ingas, et, d’un autre côté, comment la vendre sans perte ? Enfin, pour garder avec moi Antoinette et sauver ma liberté, je dois me résigner à tout. Je vais me préparer au départ — et, au premier bruit d’une dénonciation, je me dérobe à vos calomnies et à vos vengeances, misérables ! qui me punissez d’avoir eu pour vous trop d’amitié !

Ce sont des heures que je n’oublierai pas : avoir fait un tel rêve de bonheur, avoir cru à l’innocence, à l’affection, à la gratitude de quelqu’un et être ainsi soudainement détrompée : c’est trop horrible. Ah ! mon Dieu, si criminelle que je sois, deviez-vous me châtier ainsi !

Je souffrais depuis quelque temps, après mes repas, de cruelles douleurs d’entrailles ; comme j’ai toujours eu un estomac assez délicat et que ma gourmandise me fait rechercher plutôt les aliments agréables au