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LES NUITS CHAUDES DU CAP FRANÇAIS


pressais toute cette jeunesse ; au risque de la flétrir moi-même, j’imprégnais mes doigts de son odeur, et mes lèvres allaient, au plus intime de son être, goûter la saveur pénétrante, les effluves piquants et sauvages de ses organes. J’aurais voulu m’abîmer en elle.

Cependant je la sentis soudain tressaillir ; elle eut une exclamation de lassitude ou de jouissance ; je crus qu’elle appelait sa mère ; à demi éveillée, à demi somnolente, elle retourna au-dessus de ma face, comme une narquoise figure, les charnures jumelles et l’arc tendu de son mignon derrière, puis, de la main, légèrement et sans y prendre garde, elle me toucha les cheveux. J’eus grand’peur qu’elle ne m’aperçût. Vite, doucement aussi, je me redressai, soufflai la lampe ; une honte froide, puis ardente m’envahit : mon ivresse impie s’était dissipée. Il me sembla que je venais d’insulter à ma religion ; je pleurai, et plus d’une de mes larmes vint tomber sur ce front que ma bouche, comme si elle en était indigne, se refusait maintenant à baiser. Toute la nuit, auprès d’Antoinette, je souffris d’une solitude désespérée. En découvrant en elle des joies si coupables, j’avais senti comme un nouvel être qui, par ses séductions même, semblait outrager le premier.

Avec quelle émotion, quelle voix tremblante ai-je fait ces aveux !

Dans la crainte de me rendre odieuse à mon confesseur, j’essayais, sans lui rien cacher, de voiler ma faute le plus possible. Enfin les mots que j’avais tant