le premier venu peut avoir. Imbécile que tu es ! Tu penses que c’est ton argent qui m’attire. Eh bien, veux-tu que je te le dise : il me brûle, ton argent, il me torture ! Quand tu me le mets dans la main, j’ai mal là, tiens ! Je m’imagine que plus tu me donnes, plus tu me mets au-dessous de toi… Ah ! ton argent, c’est le paiement de ma liberté, de mon amour. Sans cet argent, je ne pourrais venir ici. C’est pour ça que je l’accepte… N’as-tu pas vu cette sale gueule de mulâtre qui m’épie, chaque fois que je sors de chez toi ?… Il n’est pas là encore, mais il va venir tout à l’heure… C’est mon tourment, cette face-là. Si je ne lui rapportais rien, s’il pouvait penser que j’ai plaisir à te voir, que je viens pour toi…
— Il te tuerait peut-être ?
— Oui, il me battrait à la mort !
— Et pourquoi ne le quittes-tu pas ? Pourquoi ne viens-tu pas demeurer ici comme je te l’ai demandé ?
— Oh ! il est mon mari.
Dubousquens se mit à rire.
— Tu le trompes pourtant avec un bel entrain !
— Il me le permet, mais il ne veut pas que je le quitte.
— On se passerait de sa volonté.
— Il peut me lancer une piaye[1]. C’est un sorcier.
— Je te défendrai contre lui.
- ↑ Un sortilège.