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Lorsque je repris connaissance, j’étais étendue sur un lit et environnée de ténèbres. Ayant peur de la nuit où j’étais plongée, j’essayai de me redresser, mais mon corps rompu et meurtri se refusait à tout effort. Pourtant je vis, en levant la tête, une fenêtre où s’attardaient les dernières lueurs du jour, et cette lumière me réconforta. Presque au même instant, une ombre s’approcha, et je distinguai le capuchon d’Arrivabene. Alors, au souvenir de ce qui s’était passé, une grande angoisse m’étreignit.

— Mon frère, dis-je, vous savez tout : je vais être chassée du palais, n’est-ce pas ?

— Je l’ignore, répondit-il, le cardinal ne connaît rien encore de l’aventure.

— Et Guido ? demandai-je, inquiète déjà de la réponse.

— Votre coup l’a presque assommé ; le médecin pourtant ne désespère pas de lui sauver la vie. Ah ! vous avez beau n’être qu’une femme, vous pouvez vous vanter de savoir frapper.

— Au nom de Dieu ! fis-je, épargnez-moi : je souffre tant !

En effet, j’avais l’impression que ma chair, à vif en plus d’un endroit, était transpercée de continuelles piqûres.

— Je vous apporte justement de quoi adoucir votre mal.

Et il me tendit une petite fiole d’une huile balsamique dont il me conseilla de m’oindre le corps. L’ayant fait, j’en ressentis beaucoup de soulagement, je parvins à m’endormir, et un long repos, qui laissa au baume tout le temps de cicatriser mes plaies, me remit complètement.

À mon réveil, je fus surprise d’apercevoir Arrivabene installé devant mon lit, sur un escabeau, à la mê-