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NOCTURNE


I


 
La nuit se fait aux étalages de lumière,
Le vide a reconquis la rue aux murs dormants,
La chaussée, avec ses monticules de terre,
Par endroits éventrée, imite un cimetière,
Où bâille une tranchée avide d’ossements.

Le ciel livide amasse un ouragan de pluie ;
Les becs de gaz, plus espacés, vacillent lourds ;
Par tous les soupiraux de sa masse équarrie,
La caserne dégage un relent d’écurie ;
Le dôme éteint préside au somme épais des cours.