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Les murs nus m’écrasaient de leur face assombrie
Mais, soudain, le soleil, en pleine nuit du chœur,
Allumant le vitrail de fine orfèvrerie
En fit étinceler les trèfles de couleur.

Là, dans un tournoiement d’apothéose orine,
Et l’envol éperdu de blanches visions,
Un dieu, pour nous l’offrir, tirait de sa poitrine
Un cœur sanglant, gemmé de flamme et de rayons.

Et tandis, qu’éblouie à ce feu de verrière,
Ma lèvre allait céder au feu qui la brûlait
Et retrouver les mots d’une ancienne prière,
J’entendis — ô stupeur ! — l’église qui parlait.

« J’ai trop vécu, disait sa plaintive homélie ;
« Ah ! que ne suis-je morte avant ce jour fatal
« Où le monde, repris de sa vieille folie
« Homicide a rouvert les écluses du mal !

« C’est en vain qu’Avril chante et que l’arbre s’éploie,
« Que me veut cet azur et ce soleil levant ?
« La guerre déchaînée abolit toute joie,
« Ce n’est qu’aigreur et fiel que je respire au vent,