Page:Raynaud - À l’ombre de mes dieux, 1924.djvu/47

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Et votre seule image adoucissait ma peine,
Vous qui favorisez, d’une odorante haleine,
La Province endormie à l’ombre de ses tours.

Et comme en vous plongeait ma lassitude immense,
Les lourdes nuits d’Été défaillant de chaleur !
Vous étiez les témoins de mon impatience
Quand du fond de mon Être, implorant le bonheur,
Je croyais — dès qu’un pas sonnait dans le silence —
Le reconnaître aux coups déréglés de mon cœur.


V


 
Vous savez de quel feu j’ai votre gloire inscrite,
Vous qui portez la manne et l’encens et le miel,
Et célébré vos noms divers, selon le rite,
Depuis le cèdre énorme au flot torrentiel,
Jusqu’à la minuscule et frêle clématite
Qui semble un bijou vert découpé sur le ciel.

Que j’ai pleuré de fois à votre ombre, ô charmilles !
Lorsque le rossignol déchirait l’air de trilles,
Exaspérant du soir les songes parfumés !