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penchant à la population. Mais le premier beſoin de l’homme, arrête chez eux les cris du ſecond. Le ſoin de leur nourriture, épuiſe preſque toutes leurs forces. La chaſſe & les courſes ne leur laiſſent ni les moyens, ni le loiſir de peupler. Toute nation errante, ne ſera jamais féconde. Que deviendroient des femmes, obligées de ſuivre leurs maris à cent lieues, avec des enfans ſur leur ſein ou dans leurs bras ? Que deviendroient ces enfans eux-mêmes, privés d’une mamelle qui tariroit en chemin ? La chaſſe empêche donc la multiplication des hommes & la guerre la détruit. Un ſauvage guerrier réſiſte aux pièges séducteurs, dont les jeunes filles cherchent à l’envelopper. Quand la nature oblige ce ſexe à pourſuivre celui qui fuit, & qu’elles vont ſolliciter les hommes juſques dans leur lit ; ceux qui ſont moins touchés de la gloire militaire que des charmes de la beauté, ſe laiſſent aller à la tentation. Mais les vrais guerriers, à qui l’on apprend de bonne-heure que la fréquentation des femmes énerve le courage & la force, ne ſe rendent pas. Le Canada n’eſt donc point déſert par l’avarice de la nature, mais par le genre de vie de