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opiniâtrement refusées aux moyens de rétablir ſur nos mers la tranquilité. L’eſpérance d’arrêter l’induſtrie de toute nation qui n’a pas de forces, leur a fait habituellement déſirer, favoriſer même les entrepriſes des Barbareſques. C’eſt une atrocité dont elles ſe ſeroient épargné l’ignominie, ſi leurs lumières avoient égalé leur avidité. Sans doute que toutes les nations profiteroient de cet heureux changement : mais ſes fruits les plus abondans ſeroient infailliblement pour les états maritimes, dans les proportions de leur pouvoir. Leur ſituation, la sûreté de leur navigation, l’abondance de leurs capitaux, cent autres moyens leur aſſureroient cette ſupériorité. Ils ſe plaignent tous les jours des entraves que l’envie nationale, la manie des interdictions & des prohibitions, les petites ſpéculations du négoce excluſif, ne ceſſent de mettre à leur activité. Les peuples deviennent par degrés auſſi étrangers les uns aux autres qu’ils l’étoient dans des tems barbares. Le vuide que forme néceſſairement ce défaut de communication ſeroit rempli, ſi l’on réduiſoit l’Afrique à avoir des beſoins & des reſſources pour les ſatiſfaire. Le com-