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membre de la confédération, attaquant dans le même tems l’ennemi qu’il auroit à réduire, n’éprouveroit qu’une foible réſiſtance. Qui ſait même s’il en trouveroit aucune ? Peut-être la plus noble, la plus grande des entrepriſes, coûteroit-elle moins de ſang & de tréſors à l’Europe, que la moindre des querelles dont elle eſt continuellement déchirée.

On ne fera pas aux politiques, qui formeroient ce plan, l’injure de ſoupçonner qu’ils borneroient leur ambition à combler des rades, à démolir des forts, à ravager des côtes. Des idées ſi étroites ſeroient trop au-deſſous des progrès de la raiſon humaine. Les pays ſubjugués reſteroient aux conquérans, & chacun des alliés auroit des poſſeſſions proportionnées aux moyens qu’il auroit fournis à la cauſe commune. Ces conquêtes deviendroient d’autant plus sûres, que le bonheur des vaincus en devroit être la ſuite. Ce peuple de pirates, ces monſtres de la mer, ſeroient changés en hommes par de bonnes loix & des exemples d’humanité. Élevés inſenſiblement juſqu’à nous par la communication de nos lumières,