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que des trahiſons préparées ; que la puiſſance d’une nation foible ne s’accroît jamais que par des degrés imperceptibles, & que par des efforts toujours croisés par la jalouſie des autres nations, à moins qu’elle ne ſorte tout-à-coup de ſa médiocrité, par l’audace d’un génie impatient & redoutable ; que ce génie peut ſe faire attendre long-tems, & qu’alors il riſque le tout pour le tout, ſa tentative pouvant amener également & l’agrandiſſement & la ruine totale. Avertiſſons le Danemarck en particulier, qu’en attendant que ce génie paroiſſe, le plus sûr eſt de ſentir ſa poſition, & le plus ſage de ſe convaincre que ſi les puiſſances du premier ordre commettent rarement des fautes impunies, la moindre négligence de la part des ſouverainetés ſubalternes, à qui de vaſtes & riches territoires n’offrent aucune prompte & grande reſſource, ne peut avoir que des ſuites funeſtes. Ne lui diſſimulons pas que tous les petits états ſont deſtinés à s’agrandir ou à diſparoître ; & que le rôle qui convient à l’oiſeau qui habite un climat ſtérile & qui vit entre des rochers arides, eſt celui de l’oiſeau de proie.

Fin du douzième Livre.