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d’arbitraires en forme de capitation, de journaliers ſur les conſommations. Cette oppreſſion eſt d’autant plus criminelle, que le gouvernement jouit d’un domaine très-conſidérable, & qu’il a une reſſource aſſurée dans le détroit du Sund. Six mille neuf cens trente navires, qui, ſi l’on en juge par les comptes de 1768, doivent entrer annuellement dans la mer Baltique, ou en ſortir, paient dans ce fameux paſſage, environ un pour cent de toutes les marchandiſes dont ils ſont chargés. Cette eſpèce de tribut, qui, quoique difficile à lever, rend à l’état deux millions cinq cens mille l. eſt perçu dans la rade d’Elzeneur, protégée par la fortereſſe de Cronenbourg. Il y a long-tems que cette poſition & celle de Copenhague invitent inutilement le Danemarck à y former un entrepôt, où tous les peuples commerçans, ſoit du Nord, ſoit du Midi, viendroient échanger leurs productions & leur induſtrie.

Avec les fonds provenans des tributs, du domaine, des péages, des ſubſides du dehors, l’état entretient une armée de vingt-cinq mille hommes, qui, généralement composée d’étrangers, paſſe pour la plus mauvaiſe milice de l’Europe. Sa flotte jouit au contraire de la