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il arrêteroit leurs entrepriſes, s’oppoſeroit à leur induſtrie, mettroit des bornes à leur culture, & les réduiroit au néceſſaire abſolu pour leur ſubſiſtance.

Mais, dira-t-on, un citoyen jouit de ſon opulence à l’abri des loix. La proſpérité de ſes voiſins peut s’accroître ſans inconvénient pour la ſienne. Il n’en eſt pas ainſi des nations… Et pourquoi n’en eſt-il pas ainſi des nations ?… C’eſt qu’il n’exiſte aucun tribunal devant lequel on puiſſe les citer… Pourquoi ont-elles beſoin de ce tribunal ?… C’eſt qu’elles ſont injuſtes & puſillanimes… Et que leur revient-il de leur injuſtice, de leur puſillanimité ?… Des guerres interminables, une misère qui ne ceſſe de ſe renouveler… Et vous croyez que l’expérience ne les corrigera pas ?… J’en ſuis très-perſuadé… Et pour quelle raiſon ?… Parce qu’il ne faut qu’une tête folle pour déconcerter la ſageſſe de toutes les autres, & qu’il en reſtera toujours ſur les trônes plus d’une à la fois…

Cependant, on entendra de tous côtés les nations, & ſur-tout les nations commerçantes, crier la paix, la paix ; & elles