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déprédation qui exiſte dans la maiſon des rois. La, du moins, la magnificence, l’abondance, les étiquettes qui compoſent la fauſſe grandeur du trône, juſtifient en quelque ſorte la diſſipation, & l’on ſait qu’où il y a des rois, il faut qu’il y ait des abus. Mais les hôpitaux renferment plus de malverſations encore. Et ce ſont les maiſons des pauvres ! c’eſt le bien des pauvres ! tout devroit y rappeler les idées d’ordre & d’économie ; tout devroit y rendre ces devoirs ſacrés. Adminiſtrateurs de ces aſyles, quand vous êtes coupables de négligence, il faut que vos âmes ſoient de glace ! Quand vous vous permettez des concuſſions, quels noms vous donner ! Je voudrois qu’on vous trempât dans le ſang & dans la boue.

Les vices phyſiques de nos hôpitaux ſont encore plus déplorables que leurs vices moraux. L’air y eſt corrompu par mille cauſes dont le détail révolteroit nos ſens. Qu’on en juge par une ſeule expérience inconteſtable. Trois mille hommes, renfermés dans l’étendue d’un arpent, forment par leur tranſpiration ſeule, une atmoſphère de ſoixante pouces de hauteur, qui devient