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tenter des droits du ſoudan détrôné, & laiſſer à ſes fiers lieutenans les prérogatives dont ils jouiſſoient depuis ſi long-tems. Pour balancer cette milice redoutable, le ſultan fit paſſer dans le pays quatorze mille hommes de ſes meilleures troupes. Loin de s’occuper des intérêts de la Porte, ce corps ne travailla que pour lui-même. Il parvint à faire tout décider ſelon ſes caprices ; & il conſerva cet aſcendant juſqu’à ce que, amolli par le climat, il vit ſortir de ſes débiles & impuiſſantes mains une puiſſance qui n’avoit plus de baſe. Elle repaſſa, plus étendue même que jamais, aux Mamelucs.

Cette dynaſtie ſingulière eſt composée de dix ou douze mille eſclaves, amenés dans leur jeuneſſe de Géorgie ou de Circaſſie. Ils entrent au ſervice des grands de leur nation, qui tous ont porté des fers avant eux & qui les affranchiſſent un peu plutôt, un peu plus tard. De grade en grade, on voit monter ces affranchis à celui de bey, au-deſſus duquel il n’y en a point.

Ces beys commandent aux vingt-quatre provinces du royaume. Ils ſont rarement plus de ſeize ou dix-ſept, parce que les