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de la manière la plus convenable à leur changement de ſituation. Ils retinrent des habitudes de leur éducation, tout ce qui pouvoit s’accorder avec les loix phyſiques de l’air qu’ils reſpiroient. Avec eux, ils tranſportèrent en Amérique les alimens, les uſages d’Europe, & familiarisèrent enſemble des êtres & des productions que la nature avoit séparés par un intervalle équivalent à la largeur d’une zone. Mais de toutes leurs coutumes primitives, la plus ſalutaire peut-être, fut celle de mêler & de diviſer les races par le mariage.

Toutes les nations, même les moins policées, ont proſcrit l’union des ſexes entre les enfans de la même famille ; ſoit que l’expérience ou le préjugé leur ait dicté cette loi, ſoit que le haſard y conduiſe naturellement. Des êtres élevés enſemble dès l’enfance, accoutumés à ſe voir ſans ceſſe, contractent plutôt dans cette familiarité l’indifférence qui naît de l’habitude, que ce ſentiment vif & impétueux de ſympathie qui rapproche tout-à-coup deux êtres qui ne ſe ſont jamais vus. Si dans la vie ſauvage la faim diviſe les familles, l’amour les aura