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tent à l’abri de vos attentats. Ces éclairs annoncent la foudre, & il ne manque aux nègres qu’un chef aſſez courageux, pour les conduire à la vengeance & au carnage.

Où eſt-il, ce grand homme, que la nature doit à ſes enfans vexés, opprimés, tourmentés ? Où eſt-il ? Il paroîtra, n’en doutons point, il ſe montrera, il lèvera l’étandard ſacré de la liberté. Ce ſignal vénérable raſſemblera autour de lui les compagnons de ſon infortune. Plus impétueux que les torrens, ils laiſſeront par-tout les traces ineffaçables de leur juſte reſſentiment. Eſpagnols, Portugais, Anglois, François, Hollandois, tous leurs tyrans deviendront la proie du fer & de la flamme. Les champs Américains s’enivreront avec tranſport d’un ſang qu’ils attendoient depuis ſi long-tems, & les oſſemens de tant d’infortunés entaſſés depuis trois ſiècles, treſſailliront de joie. L’ancien monde joindra ſes applaudiſſemens au nouveau. Par-tout on bénira le nom du héros qui aura rétabli les droits de l’eſpèce humaine, par-tout on érigera des trophées à ſa gloire. Alors diſparoîtra le code noir, & que le code blanc ſera terrible, ſi le vainqueur ne conſulte que le droit de repréſailles !