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ſes foibles mains que par les dangers de l’enfantement. Vous frémiſſez… Eh ! s’il exiſtoit une religion qui tolérât, qui autorisât, ne fut-ce que par ſon ſilence de pareilles horreurs ; ſi occupée de queſtions oiſeuſes ou séditieuſes, elle ne tonnoit pas ſans ceſſe contre les auteurs ou les inſtrumens de cette tyrannie ; ſi elle faiſoit un crime à l’eſclave de briſer ſes fers ; ſi elle ſouffroit dans ſon ſein le juge inique qui condamne le fugitif à la mort : ſi cette religion exiſtoit, n’en faudroit-il pas étouffer les miniſtres ſous les débris de leurs autels ?

Hommes ou démons, qui que vous ſoyez, oſerez-vous juſtifier les attentats contre mon indépendance par le droit du plus fort ? Quoi ! celui qui veut me rendre eſclave n’eſt point coupable ; il uſe de ſes droits. Où ſont-ils ces droits ? Qui leur a donné un caractère aſſez ſacré pour faire taire les miens ? Je tiens de la nature le droit de me défendre ; elle ne t’a pas donc donné celui de m’attaquer. Que ſi tu te crois autorisé à m’opprimer, parce que tu es plus fort & plus adroit que moi ; ne te plains donc pas quand mon bras vigoureux ouvrira ton