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dans la nature du climat, qui, ſous la Zone Torride, entraîne invinciblement à l’amour ; dans la facilité de ſatiſfaire ſans contrainte & ſans aſſiduité ce penchant inſurmontable ; dans un certain attrait piquant de beauté qu’on trouve bientôt dans les négreſſes, lorſque l’habitude a familiarisé les yeux avec leur couleur ; ſur-tout dans une ardeur de tempérament qui leur donne le pouvoir d’inſpirer & de ſentir les plus brûlans tranſports. Auſſi ſe vengent-elles, pour ainſi dire, de la dépendance humiliante de leur condition, par les paſſions déſordonnées qu’elles excitent dans leurs maîtres ; & nos courtiſanes en Europe n’ont pas mieux que les eſclaves négreſſes, l’art de conſumer & de renverſer de grandes fortunes. Mais les Africaines l’emportent ſur les Européennes, en véritable paſſion pour les hommes qui les achètent. C’eſt à la fidélité de leur amour qu’on a dû plus d’une fois le bonheur d’avoir découvert & prévenu des conſpirations qui auroient fait ſuccomber tous les oppreſſeurs ſous le couteau de leurs eſclaves. Ce châtiment, ſans doute, étoit bien mérité par la double tyrannie de