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de leur patrie. Si le ſentiment ne nous trompe pas, des cultivateurs nés dans les iſles même de l’Amérique, reſpirant toujours leur premier air, élevés ſans autre dépenſe qu’une nourriture peu chère, formés de bonne heure au travail par leurs propres pères, doués d’une intelligence ou d’une aptitude ſingulière pour tous les arts : ces cultivateurs devroient être préférables à des eſclaves vendus, expatriés & toujours forcés.

Le moyen de ſubſtituer aux noirs étrangers, ceux des colonies même, s’offre ſans le chercher. Il ſe réduit à ſoigner les enfans nous qui naiſſent dans les iſles ; à concentrer dans leurs ateliers cette foule d’eſclaves qui promènent leur inutilité, leur libertinage, le luxe & l’inſolence de leurs maîtres dans toutes les villes & les ports de l’Europe ; ſur-tout à exiger des navigateurs qui fréquentent les côtes d’Afrique, qu’ils forment leur cargaiſon d’un nombre égal d’hommes & de femmes, ou même de quelques femmes de plus durant quelques années, pour faire ceſſer plutôt la diſproportion qui ſe trouve entre les deux ſexes.

Cette dernière précaution, en mettant les