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ſur les ruines d’une population nombreuſe ; des uſurpateurs féroces s’entr’égorger & entaſſer leurs cadavres ſur les cadavres de leurs victimes. Quelle ſera la ſuite de tant de forfaits ? Les mêmes, les mêmes, ſuivis d’un autre moins ſanglant peut-être, mais plus révoltant : le commerce de l’homme vendu & acheté par l’homme. Ce ſont principalement les iſles de l’Amérique qui ont excité à ce commerce abominable ; & l’on va voir comment ce malheur eſt arrivé.

Quelques vagabonds inquiets, la plupart flétris par les loix ou ruinés par leurs débauches, imaginent, dans leur déſeſpoir, d’attaquer des vaiſſeaux Eſpagnols ou Portugais, richement chargés des dépouilles du Nouveau-Monde. Des iſles ſauvages, qui, par leur ſituation, aſſurent le ſuccès de ces pirateries, ſervent de repaire à ces brigands, & deviennent bientôt leur patrie. Accoutumés au meurtre, ils méditent la deſtruction du peuple ſimple & confiant, qui les avoit accueillis avec humanité ; & les nations policées, dont les Flibuſtiers étoient le rebut, adoptent ſans balancer ce projet exécrable : il eſt exécuté. Mais il s’agiſſoit