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eſt ſpécialement deſtiné, le manioc, eſt en lui-même très-dangereux. Il tue très-rapidement les animaux qui en mangent, quoique, par une contradiction trop ordinaire dans la nature, ils en ſoient avides. Si cette racine ne produit pas un ſi funeſte effet ſur les hommes, c’eſt qu’ils n’en font uſage qu’après des préparations qui lui ont ôté tout ſon venin. Mais combien ces procédés doivent être accompagnés de négligence, lorſqu’ils n’ont pour objet que des eſclaves !

L’art s’occupe depuis long-tems de trouver des remèdes contre cette maladie de l’eſtomac. Après bien des expériences, on a jugé que rien n’étoit plus ſalutaire que de donner aux noirs qui en ſont atteints trois onces de ſuc de calebaſſier rampant, avec une doſe à-peu-près pareille d’une eſpèce d’atriplex, connu dans les iſles ſous le nom de jargon. Ce breuvage eſt précédé par un purgatif, fait avec un demi-gros de gomme-gutte, délayé dans du lait ou dans l’eau de miel.

Le pian, qui eſt la ſeconde maladie particulière aux nègres, & qui les ſuit d’Afrique en Amérique, ſe gagne par naiſſance,